Dukan dira-t-on



Puisque je suis une victime de la mode, il convient de ne pas sacrifier aux traditions et d'y aller aussi de mon petit commentaire sur la désormais « Affaire Dukan ».

Chacun sachant peu ou prou de quoi il retourne (démolir la vaste conspiration des « gros » comme il les appelle, en leur faisant suçoter des surimis et accessoirement en leur donnant de mauvais points). Merci Docteur.

Je vais vous dire ce qui m'effraie (le plus) dans tout ça, c'est que l'on s'éloigne de la vraie question, du véritable nœud du problème.
Je me fous pas mal de trancher la question de savoir si ce bon docteur est un malade ou un connard ou bien tout à fait les deux.

Il est urgent de s'interroger plutôt sur le pourquoi de ces délirantes questions de régimes encore au cœur des médias et de nos conversations.
N'est-il pas déjà bien établi et reconnu médicalement depuis des plombes que le seul régime qui vaille est le régime alimentaire équilibré, ce qui veut dire que le concept même de régime amaigrissant est à bannir ? Que hormis les questions liées à un trouble médical (diabète, choléstérol and co) manger de tout est source de vigueur et de joie ?
J'avais cru.

Et surtout mais d'où nous vient ce délire d'amaigrissement généralisé ?
Sur quel critère doit on se fonder pour savoir si, nous aussi, on est un des « gros » à abattre de ce bon Docteur Dukan ? L'IMC ?
Certainement pas.
A en voir les propositions d'amaigrissement de son site internet pour des femmes correspondant aux critères d'un 38/40 (sic), il est permis d'avoir peur.
De même les femmes (et les hommes) qui autour de moi se sont jetés sur ce régime ne sont pas des gens en surpoids. En tout cas pas au sens médical du terme. Mais au sens social. Et c'est là que le bât blesse.

Lorsqu'un problème de poids est médicalement avéré, j'ai bon espoir qu'un nutritionniste compétent puisse suivre la personne et, dans une perspective de prise en charge globale, cherche toutes les explications (il y a autant de causes possibles au surpoids que d'individus) et les aides possibles. Je ne crois pas que, dans ces cas là, on ait recours au bouquin Dukan à la FNAC... ce n'est pas le premier réflexe.

Ainsi ces « gros » dont parle monsieur Dukan c'est moi, c'est vous, c'est nous.
Et si ce genre de discours malsain a une écoute (et un gros chiffre d'affaire à la clé) c'est que nous vivons en plein délire.
J'entends chaque jour des femmes me dire qu'elles sont grosses ou que telle nana est ronde dès qu'elle fait du 38/40.
Une de mes amies me disait encore l'autre jour : 
« oui mais toi tu as toujours été ronde » (et je précise que c'était dans le cadre d'une conversation tout ce qu'il y a de badine et amicale).
Seulement moi je n'ai jamais dépassé le 38/40 de ma vie (!!!??), ce qui veut dire que dès qu'on a des seins et des fesses on est ronde, alors autant vous dire qu'on est rapidement grosse !!

Alors je m'interroge, c'est quoi mince ? C'est le 34/36 ? Celui qu'il est (sauf hasard de la nature) impossible de conserver passée la puberté sans se mettre en danger ?
Alors donc le référentiel, la taille standard à avoir, c'est celle correspondant à un IMC qui hurle : « alerte rouge, santé en danger » ?

Secouons nous un peu et revenons à la raison, manger mieux, éduquer nos enfants à l'équilibre alimentaire, ok, venter les mérite de l'activité physique ok, tout pour que l'obésité ne gagne pas de terrain, je comprends aussi.
Mais interrogeons nous sur les causes du mal-être ambiant et sur l'hypocrisie qui nous entoure.

On ne nous a jamais autant gavé de publicités alimentaires, on nous met sous pression permanente et on nous éloigne de toutes voies de paix intérieure, parce qu'un individu qui va mal est un individu qui consomme plus.

Et lorsque nous sommes enfin anxieux mais repus, les dents du fond baignant dans la junk food et la détente illusoire, on nous bombarde d'images de mannequins filiformes de douze ans déguisées en trentenaires et on nous vend du gel douche avec des photos retouchées de femmes sans viande sur les cuisses.

Et zooooou c'est alors la même valse des régimes miracles, petit pourceau deviendra beau.

Allant se tapir dans les recoins de notre culpabilité, de notre honte de ne pas être aussi parfait et performant que notre beau siècle l'exige, après avoir succombé aux sirène du Mac Do réconfortant, courons nous faire torturer le corps et l'âme pour le sacro-saint 36.

Et la boucle est bouclée, consommateur des deux extrémités de la chaîne, malheureux mais rentables.

Ne vaut-il mieux pas dès lors, réapprendre à nos enfants que le seul critère qui vaille est celui de la santé.
Que la beauté n'est pas affaire de poids mais d'harmonies et de courbes, que rien ne peut se résumer à un chiffre. 
Que quand bien même on aurait beaucoup de kilos en trop, "gros" n'est ni une tare, ni une insulte.

Cela parait être tellement évident que j'ai l'air grotesque à l'asséner de la sorte et pourtant....le message est loin d'être passé.

Alors répondons tout simplement à ce monsieur Dukan et à ses amis que nous n'avons que faire de ses élucubrations douteuses et de ses diètes miracles, puisqu'il n'a rien inventé, nous mentir,nous faire culpabiliser puis nous faire du mal, d'autres l'ont déjà très bien fait avant lui...


Commentaires

  1. Je peux trancher pour toi, c'est un connard et dangereux. C'est vrai qu'il n'y a pas assez de problème de troubles alimentaires à l'adolescence, autant que cet abruti en rajoute une couche.
    C'est tellement cool de quitter le lycée en ambulance pour malaise.

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  2. je suis contente (si tant est que le mot soit approprié) que tu abordes la douloureuse question des troubles alimentaires qui découlent de tout cela... j'aimerais vraiment avoir l'occasion d'en parler plus longuement.
    il est clair que son délire ne va qu'aggraver cette souffrance, dangereux ce type,vraiment...

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