La femme parfaite n'existe donc pas ou la dictature de l'apparence entretenue par nous-même


J'ai croisé ce matin dans le bus une de ces femmes blondes, filiformes, "channelisées", à la queue de cheval haute dressée sur le crâne.

Premier regard mi-curieux mi-jaloux, second culpabilisant (merde je devrais arrêter les rillettes), suivi de : mais comment font ces femmes pour être impeccables et toujours tirées à quatres épingles alors qu'on est même pas samedi soir ?? 

Au premier abord j'en restais là, accrochée à mon sac et à un vague sentiment d'infériorité. 

Et mon arrêt est arrivé. 

La femme irréelle descend devant moi. Les quelques pavés devant l'église de Saint Germain et la voilà qui boitille sur ses échasses, sa chaussure de star, trop grande, lui échappe, et dévoile un talon de résille filée. 

Point de perfection, une vitrine seulement. 

Et visiblement inconfortable.

Alors là, mesquinement, dans mes boots compensées j'ai pensé que mon confort décoiffé n'était finalement pas si mal. 

Et moi, mes chaussettes sont nickelles.


C'est malheureux quand même d'en être arrivée à mon âge pour encore se comparer aux nanas qui passent. 

On ne dépasse jamais cette petite compétition ? Jamais on ne se dit : allez foutre ! moi je m'en fous que vous me trouviez mal sapée ? 
Et les hommes ça les intéresse finalement ? Ils voient une différence au moins ? 

Pas sur. Ou alors pas dans le sens où on l'imagine puisque souvent mecs et nouvelles modes ne font pas bon ménage, allez leurs parler leggings (un collant sans pieds ? Mais c'est dééébile!!tu vas avoir froid en plus !), jupe culotte ou encore retour du fluo qu'on se marre cinq minutes. 

Alors si on ne le fait pas pour eux, pas pour nous (la pression prêt-à-porter, passée la fringale après mauvaise nouvelle, ça reste un string inconfortable et des talons qui pourrissent le dos), pour qui ?
Pour les femmes, les autres femmes. 
Eternelles sœurs et néanmoins concurrentes de tous les instants.
Faire mieux je ne sais pas, faire au moins pareil certainement.

Pourtant moi je l'aime bien mon 40. Je crois bien qu'on se va bien lui et moi. Alors le faire souffrir pour porter un truc plus petit, plus branché et nécessairement plus cher, je ne sais plus...

Mais ne nous trompons pas, s'appreter reste un petit plaisir féminin et égoiste, se pouponner c'est important. Et j'adore ça. Tout comme je perds tout sens commun au rayon sac du Bon Marché.

Ce qui me dérange, c'est le malaise à la comparaison. L'envie brusque de rentrer se changer alors qu'un quart d'heure plus tôt je me plaisais parfaitement. 

La gêne de soi suscitée par la pression des autres.

Alors non décidément je vais rester imparfaite, mais avec des chaussettes nickelles.

Et tant qu'on en parle, je vais me reprendre du choco...

Commentaires

Enregistrer un commentaire

Articles les plus consultés