Quand les corps craquent...


Les femmes sont-elles fragiles ? Physiquement j'entends.

Parce qu'autour de moi des nanas avec une énergie formidable, qui sont capables de surmonter des épreuves terribles en tenant bon le cap, s'écroulent une à une, épuisées, lessivées.

Ce n'est pas la détermination qui lâche, c'est le corps.

Comme si, désormais les jeunes femmes hyperactives, citadines débordées, refusant de voir l'usure nerveuse fissurer leur force vive, se retrouvaient stopper net dans leur course effrénée par un corps qui se fait gyrophare de l'âme.

Arrête toi dit-il. Il est impératif que tu t’arrêtes.
Tu refuses de voir les signes ? Très bien alors c'est moi qui vais trouver une solution pour ralentir la machine.

Je vois des corps qui s’abîment, se cassent, s' « entorse », se « fièvre inexpliquée ».
Et surtout des ventres qui se tordent de douleur et des dos qui refusent de porter la bête pour avancer toujours plus.

J'ai eu très mal au ventre moi, sans raison, sans biologie à mon secours. Un mal qui vous tord, vous ronge, mais n'a pas de nom.
De consultations médicales, en échographie latérale, on me regarde sous toutes les coutures. Il y a bien un problème mais sans cause apparente.
Rien qui mette immédiatement ma santé en danger, mais j'ai mal, très mal.
Alors la cause doit être ailleurs, chronique, fonctionnelle, des mots sans solution.
Mais la vie continue et je n'écoute pas les signaux.

Puis un jour c'est le dos qui ne veut plus.
Un matin, arqueboutée sur le lavabo, entre un trait de crayon noir et une couche d'anticernes/antirides spécial « 25 ans - mais déjà en passe de se flétrir à ce rythme » je tombe au sol. Je ne peux plus me redresser.

Mon dos a dit stop pour moi.

Pas de boulot, de réunions, de clients, de métro, de cris de patron, de dossiers qui volent.

Je suis contrainte à l’arrêt.

Je suis furieuse et pourtant je le sais, j'avais entendu les appels, du fond de mes tripes, tout mon être m'avait prévenu, je ne l'avais pas écouté.

J'ai remis le dos en place, j'ai débloquée la boule au fond de mon ventre et j'ai beaucoup pleuré. J'avais ouvert la boite de pandore des émotions refoulées, mais je n'avais plus le choix, c'était une urgence, mon corps criait.

J'ai commencé par démissionner. Zou à la poubelle la carrière ! Tous mes choix à repenser...

Ça n'a pas tout réglé mais c'était le début d'une prise de conscience, aujourd'hui quand j'ai mal au ventre, au dos, en général je sais pourquoi et c'est déjà un grand pas.

Alors courir aux toilettes avant un examen ou une réunion importante, on connaît.
Ne plus pouvoir bouger le premier jour de nos vacances clouées par la sciatique ou la grippe, parce qu'on s'autorise enfin à se poser, ça aussi on connaît, c'est le corps qui envoie l'addition.

Mais je vois plus grave autour de moi, plus terrible pour l'avenir.

Tout est somatisation alors ? Certes non, mais il est quand même permis d'avoir de sérieux doutes sur l'influence de nos modes de vie et de notre état de stress sur notre petite santé.

Et à voir les femmes qui m'entourent, citadines aux carrières prometteuses, il est permis d'avoir peur.

Parmi les femmes de moins de trente cinq ans que j'ai croisées, rares sont celles qui n'ont pas ces dernières années eu d'importants soucis de santé.

Inattendus et terrifiants à nos âges.

Des soucis avec le ventre, les reins et j'en passe...

Et aussi du coté gynéco. La machine à devenir mère qui se met à déconner.
Le ventre, « centre des émotions ».
À force d'avoir le ventre noué, il s'est vraiment mis à faire des nœuds.

Alors un instant, là, je panique.

J'ai envie de dire stop à cette machine infernale qu'est notre siècle devenu fou, je voudrais que tout ça ralentisse, que la vie reprenne un cours normal. La cadence des journées parisiennes nous a exténuées. Fières de notre job, performantes, mais usées, déjà.

Je cherche des solutions, à défaut, des explications.

J'ai besoin de comprendre comment nous avons fonctionné pour en être arrivées là.

À quel moment le balancier de l'Histoire, après avoir si longtemps sous-estimé la femme et tellement parti dans l'autre sens qu'il nous est revenu en pleine figure.


Commentaires

  1. Je ne prétends pas détenir les réponses, mais j'observe simplement la vie des gens qui m'entourent et je fais un constat simple :

    Les hommes qui ont une "carrière" ont bien souvent une femme à leurs cotés qui le déleste des tâches dites ménagères quotidiennes et lorsque ce n'est pas le cas, ils ont généralement une femme de ménage, un bon teinturier pour le repassage des chemises et une cantine où ils dinent 5 fois par semaine.

    En revanche, les femmes qui ont une "carrière" et qui sont en couple assument bien souvent une deuxième journée de travail lorsqu'elles rentrent à la maison. Lorsqu'elle vivent seules ? Elles sont trop culpabilisées pour payer quelqu'un qui ferait leur ménage et leur repassage à leur place et sont trop fières ou honteuses (je sais c'est paradoxal mais nous le sommes bien souvent) pour manger tous les soirs au restaurant (sérieusement, on ne voit jamais de femme seule au resto le soir !).

    Du coups, à métier égal, la quantité de travail quotidien fournie par les hommes et les femmes est différente et la gent féminine porte en plus le poids aussi idiot qu'inexplicable de la culpabilité permanente.... et le corps nous présente un jour ou l'autre l'addition de tout celà.

    D'aucuns diront que ces quelques considérations sont bien évidemment des lieux communs et des raccourcis. C'est sans doute vrai, mais comme je l'ai dis, je ne prétends pas détenir les réponses... je ne fais qu'observer la vie des gens qui m'entourent et je fais un constat... ;-)

    RépondreSupprimer
  2. En effet il existe encore une trop grande disparité dans la répartition des tâches ménagères, à job égal.
    Il va donc falloir éduquer nos petits garçons pour ne pas que le schéma se reproduise indéfiniment...

    Et dans un couple, l'un des deux doit libérer de son temps pour s'occuper du foyer et le plus souvent c'est la femme. Cela peut être formidable lorsque c'est un choix, beau travail d'équipe ! Mais lorsque le choix n'est dicté que par le fait que souvent la femme gagne moins, c'est moche... Et que dire lorsque les deux bossent autant et que tout est en bonus pour la femme, soirs et we!!...

    Et pourquoi pas des femmes solo qui bossent et qui ont une femme de ménage ?

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Articles les plus consultés