Journal de bord d’un individu prétendument adulte dans une ville vachement grande où il se passe vachement plus rien





 Il parait que nous débutons la troisième semaine de confinement, je ne m’en suis pas trop rendue compte jusque-là. Avant de me balancer votre smartphone à la figure car vous êtes au bord de la décompensation psychotique depuis déjà 3 jours, laissez-moi vous expliquer que de mon coté, je viens de passer plus de deux semaines avec une bonne grosse grippe foireuse, ce qui explique que j’ai vécu comme dans un monde parallèle.


Alors comme ça nous voilà enfermés en famille pour une durée plus qu’indéterminée. Vous avez remarqué comme lorsqu’on a une date de sortie en vue, ça se gère tout de suite mieux, on se formate à l’idée, on se motive, on se met à faire des bâtons au mur comme un mec dans sa cellule et on s’accroche, mais dès que ça devient flou, c’est une autre paire de manches direct.


Ça devient carrément plus anxiogène. Quand le confinement a commencé, des copains m’avaient branchée sur 6 semaines, donc paf  je m’étais préparée sans faux espoir des 15 jours (à ce propos si le gouvernement a besoin de conseil pour sa com’ je fais ça gratos, là ça devient gênant tant c’est foireux cette façon d’annoncer 3 jours par 3 jours que tu vas rester là 6 mois).


Donc me voici morveuse et déjà beaucoup moins toussotante à découvrir les joies du rester ensemble.

J’ai bien vu passer quelques témoignages d’auteurs et d’artistes en tout genre qui voulaient nous faire partager leur expérience gracieuse et méditative d’observation des oiseaux oubliés de leurs vergers, autant vous dire que ça m’a déculpabilisée d’office d’écrire ma bouse perso. Moi aussi je peux inonder mes concitoyens innocents de ma logorrhée sur mes petits états d’âme de prisonnier privilégié.


La première étape de tout cela (hormis le fait que les enfants et leur présence éreintante sont une source de poilade sans fin, mais ça se sera pour un autre jour où je serai mieux lunée) serait plutôt mon amie de longue date l’HYPOCONDRIE.


En ce moment quiconque passe par ce putain de virus en ayant la chance de se taper une bonne grippe seulement découvre, s’il n’est pas déjà un habitué, les joies de l’hypocondriaque. Au moindre signe d’essoufflement, à la première sensation d’oppression après la délicate diffusion par BFMTV de la litanie quotidienne des morts, nous voilà prêts à nous sentir partir pour grossir les rangs des aspirants aux respirateur.


D’un sens heureusement qu’on est parano, vaut mieux être vigilants vu l’enfer du bordel, mais d’un autre côté, bonjour la convalescence. Vous en connaissez beaucoup vous des maladies où quand vous la choppez, après, heure par heure, tous les sites et chaines du pays vous donne le nombre de mecs pour qui ça a mal tourné ??

Ambiance forum doctissimo gore multiplié par 4.

Syyyymmmpa.


Enfin bref, si on cause et qu’on respire on se plaint pas. Et le pire c’est que même sans syndrome grippal le commun des mortels vire parano à la moindre sensation corporelle ces jours-ci.

C’est interresant que le corps et sa finitude, sa chair mortelle soient revenus au cœur de nos préoccupations quotidiennes, damant le pion à toutes les préoccupations matérielles de notre siècle.

Peu importe un écran de télé géant quand on galère pour respirer (je note que certains viennent de penser que quand même mieux vaut une grosse télé tant qu’à se faire chier confinés ! oh qu’ils sont vilains !).


Une belle expérience collective cette hypocondrie nationale donc. A défaut d’une prise de conscience philosophique, ça vous rendra au moins indulgents avec mes symptômes de névrosée le reste du temps, à mon prochain flippe d’AVC lorsque je me cogne la tête.

Bon, sur ces bonnes paroles je m’en vais tenter de retenir mon souffle pendant 10 secondes sans tousser histoire de voir s’il faut que je prenne un Xanax ou pas (ne vous excitez pas les apprentis doctissimo du web, je sais que c’est pas fiable de faire ça, mais si j’étais quelqu’un de fiable ça se saurait merde).


A demain les amis !

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