Dis nous pourquoi tu finis jamais rien (autrement nommé : mais t'es pas là, t'es où ? mais t'es pas là !)






Oui je sais, ça faisait longtemps que je n’avais pas écrit pour ne rien dire, mais je vous rassure, pour ce qui est de parler pour ne rien dire, entre temps je m’en suis donné à cœur joie …

Ainsi me revoilà dans les parages. Mais pourquoi donc malheureuse, ne viens-tu pas par ici plus souvent que vous vous demandez ? 
(vous vous dites vachement de truc je trouve…qui a dit que les gens sur le net ne réfléchissez plus ?!)

Et bien je dois confesser souffrir d’un trouble assez navrant, qui vient bien entendu s’ajouter au mal de notre siècle qui consiste à être débordée par mille sollicitations de toutes sortes en permanence) – What’sApp ? l’interphone ? Facetime ? la minuterie du micro-onde ? non mon vieux le rappel pour tes cachets de Prozac

……à savoir, JE NE FINIS JAMAIS RIEN.

Exactement, comme ça, paf.

Ma grande spécialité c’est de lancer des projets, de me faire hameçonner par l’envie de nouveauté, par l’enthousiasme de mes congénères et puis bon an mal an, le temps passe et la fougue s’étiole.

Mais que peut-il donc se passer ?  Vous pensez bien que j’y ai déjà réfléchi, 15 ans de thérapie et plusieurs années d’études de psychologie ça se rentabilise bordel ! C’est pas juste une passion pour les stylo Hello Kitty et les prêts étudiants.

Pourquoi ai-je donc des difficultés à maintenir ma motivation dès lors qu’une activité devient trop envahissante par rapport aux autres ? Trop exclusive ? peur de s’enfermer dans un projet unique ? Sans doute.

Pourquoi s’interrompre et aller voir ailleurs quand la demande devient trop forte, trop régulière ? et bien ça je ne sais pas mon ami !

Un gros con nous dirait sans doute qu’il a peur du succès en se resservant un petit verre de Chardonnay, moi je suis plutôt le genre à recommander un gros rouge qui tâche en reconnaissant qu’il s’agit plutôt d’une bonne grosse angoisse de mort. Bah oui quoi, un truc fini, un bouquin fini d’écrire, un appart fini d’être peint, une cave enfin rangée, un scénar ficelé ou des chaussettes enfin triées par paires, c’est déjà une petite mort en soi.

Si c’est fait, c’est pu à faire. BIM. Imparable. Faut pas croire y a du raisonnement derrière le fût de bière. Finitude et compagnie. T’as terminé, t’as choisi une voie, une voie t’as choisi, ton destin est tracé, sans t’en rendre compte tu es devenu un grand, un adulte.

Plus d’échappatoire possible, te voici sur l’autoroute A6 de la vie au niveau de Marseille - dernier arrêt la mer.

Mon flip à moi donc, se situerait plutôt du côté du choix, choisir c’est renoncer dit le poète (ou le DRH je sais plus), renoncer c’est accepter une certaine version définitive des choses et rien que l’idée de figer les possibilités m’angoisse.

Evidemment c’est tout à la fois aussi illusoire que stupide, puisque par principe c’est en consacrant du temps, en développant une expertise, que souvent on évolue le mieux.

Et paradoxalement chez moi ça ne concerne que le côté pro de l’existence. Etrangement pour le perso ça ne me le fait pas du tout, choisir un mec (enfin, choisir un mec, choisir un mec, bien sûr ça sous -entend d’avoir un panel de choix correct hein mesdames, on fait ce qu’on peut avec ce qu’on a), assumer le côté définitif des gosses (dans le genre définitif ne nous mentons pas les mouflets ça se pose là, les abandonner sur l’autoroute avant les vacances n’est pas toujours bien perçu), bah ça finger in the nose, faire des gosses contrairement aux racontars ça fait vieillir le gras du cul, certes, mais c’est un bain de jouvence sans pareil. Et puis enfanter c’est toucher du doigt l’immortalité. Oui madame. A travers eux, une petite partie de nous survivra…

Mais comme je dois reconnaitre que pour tenir la distance et supporter un mec ou des mouflets, il faut une sacrée motivation, une question demeure : elle s’en va où alors ma motivation à moi quand il s’agit de choix pro ?

J’ai tellement étudié à l’université que je pourrai refaire un mur de mes chiottes avec mes diplômes. Claaaasse la déco.

Pour les invités ça aurait clairement de la gueule.

Le mec il vient bouffer chez toi, il va pisser en se disant que ton rôti est franchement dégueulasse, et là il découvre que t’as trois master, cinq DU et que tu parles slovaques, bah le mec d’un coup il te pardonne ta cuisine de merde.

Plus sérieusement j’avais commencé ce site, ça marchait plutôt bien alors, normal, j’ai arrêté. Bon, déjà, vous noterez c’était couillon. Ensuite, j’y suis revenue un peu histoire de publier quelques nouvelles, et surtout parce que c’est marrant, et j’ai encore arrêté, holà on se calme hein ! c’est un coup à envoyer des trucs à temps à l’éditeur qui trouve ça génial toussa toussa et qui finit par te dire que t’as du boulot. Pas folle la nana, ils m’auront pas ! je les vois venir moi les mecs !

Bref mon enthousiasme m’ayant mené sur de (nombreux) chemins de traverses et mes expériences professionnelles (pour la plupart intéressantes je vous le concède) étant aujourd’hui assez diverses, il paraitrait qu’il est grand temps que je me pose, me décide. Parce que si j’ai bien compris, dans le monde des grands , celui où on dit pas de gros mots et où se cure pas le nez (enfin moins), on ne peut pas changer de voie dix fois par an, même pas dix fois par décennie, c’est pas bien, c’est pas efficace et pis c’est pas très français de vouloir se diversifier. Chez nous on aime bien que les gens ils aient une belle petite étiquette qu’on peut leur coller. Et moi qui croyait que du moment que tu ramenais de quoi grailler on te lâcherait la grappe. 

On voit toujours pas bien le rapport avec ce site vous me direz, bah c’est parce qu’y en a pas vraiment et que j’avais surtout envie de parler de moi !!!! M’enfin c’est un comble quand même ça, de devoir toujours tout justifier ! Y a pas plus narcissique que d’écrire des billets sur son humeur c’est bien connu. Et si le lecteur s’en fout de ce que tu dégoises, on arrive à une véritable équivalence avec une séance chez le psy. Un qui cause – un qui s’en fout, sauf que c’est plus cher.

Eureka je viens de comprendre où je me suis faite avoir toutes ces années d’analyses.

Moralité, tout ça pour dire que je vais tenter d’écrire plus régulièrement ici, mais que sans doute j’y arriverai pas et que peut-être même un jour je choisirais un métier, un seul, comme une grande et que j’arriverai à m’y tenir et a pas m’y faire chier, et alors, à ce moment, j’arrêterais d’en changer tout le temps. Alors bien sûr on se fera sans doute bien chier, mais qu’importe puisque ce qui compte c’est le foutu principe de réalité, qui fait que quand on est un adulte (alors que j’ai même pas encore 50 ans ?!) on fait les choses avec constance.

A partir de là ce site sera-t-il fourmillant de billets enjoués et réguliers comme une bonne travailleuse monomaniaque que je serais devenue ? Ou bien au contraire, il sera tout triste et délavé par l’absence de nouveauté dans mon petit horizon névrosé ? Nous verrons bien mes amis, nous verrons bien !

Et de ton côté, ami lecteur, si toi aussi, tu finis pas d’apprendre à jouer de l’accordéon, de réparer la porte du garage ou de trier enfin tes placards, que si toi aussi, tu sais pas choisir entre changer de poste ou rester, partir loin ou te rapprocher encore un peu plus, et bien ce n’est pas très grave en réalité, la performance n’est pas dans la finitude de nos projets mais dans la joie que, ces projets accomplis ou non, nous ont procurée en nous laissant vivre en leur compagnie.

Cet article non plus je vais pas le finir et je vais le poser là comme ça.

Et qui sait ? ….

Bonne semaine à tous !



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