Viens faire un tour dans mon 15eme, toi aussi tu pourras porter des mocassins à glands

Aaaaaaaaaa *soupir* le quinzième arrondissement de Paris! C'est beau comme un dimanche après la messe dans une ville de province !
C'est une alternance interminable : une crèche /une église /un square, une crèche /une église /un square...
Merveilleux quinzième.

Cet arrondissement de Paris où le serre tête est encore à la mode et où le chouchou  - pourtant disparu de nos écrans radars depuis octobre 1997 - résiste encore, bastion du Barbour et des idées propres, celui où je me prends (avec le 7eme bien sur) le plus de vent quand je fais des blagues à la caisse du Monop´.

Car ici Madame on n'est pas là pour se faire des copains. Non non non. Surtout pas des copains dont les gamins ne vont pas à la même école/cathé/boutique Cyrillus. Brefle sympathiser au parc c'est dur.
Je suis passée maître dans l'art de la crampe prise avec dignité, j'ai développé un second degré hors du commun, et je suis, grâce à mes voisins, désormais prête à affronter un monde hostile.
Mais qu'allez vous donc imaginer ?
Que j'erre hagarde et saoule dans la rue Lecourbe le mardi matin, faisant fuir les vieilles dames et les enfants ?
Même pas.
J'aimerais bien ça me renforcerait dans l'idée saugrenue que j'ai d'avoir toujours eu quelque chose du chien à punk.
Mais non, je suis simplement moi (j'entends déjà persifler, oh hein ça va hein!!!non mais dit.) un peu déjantée certes, mais néanmoins sympathique, légèrement égarée dans une page du dernier Elle sur le plan stylistique, m'enfin rien de bien méchant, une sorte d'uniforme germano pratin qui me rend d'une banalité affligeante dans les rues d' Odéon.
Mais ici dans le sanctuaire de la bourgeoisie parisienne les choses sont légèrement différentes et l imprimé léopard moins bien vécu. (Je préfère ne même pas aborder la question du mini short en jean ça nous ferait trop de mal à tous, c'est trop tôt).

Il n'y a pas que ça me direz vous! Bien sur que non, il y a des coins plus cool dans le quinzième, c'est grand ! Bien sur il y a des quartiers un tantinet plus populaires mais voilà moi le destin m'a fait atterrir à la frontière du 7eme, là où les invalides nous regardent au loin.
Et les étudiants alors y en a plein le 15eme! C'est vrai.
Mais les plus malins doivent aller festoyer ailleurs dans la capitale histoire de boire moins cher quelques pintes. Et ceux qui reste ont le col relevé et la mèche peignée. Moi qui pensait avoir vu les pires spécimens dans les facs de Droit de province et bien non mes amis, ils ont des ramifications au delà des frontières d' Assas dans la ville... Restez prudents, ils rodent.

Et tous les jeunes aux tronches sympathiques qui baguenodent et bien je suis trop vieille pour les intéresser ou alors on n'a pas les mêmes horaires voyez-vous, car ceux la ne sont pas parents et fuiront une fois leurs études terminées. Moi avec mouflet je balade aux heures des écoles et des sorties au parc.
Voilà mon drame.
Je dois reconnaître cependant que je suis bien contente de tout ce vert qui s'offre à moi pour faire s'ébattre mouflet et du calme des rues commerçantes où on peut aisément lâcher les nains pour les laisser se balader.
C'est reposant.
Trop ?
Vaille que vaille faisons fi des fâcheux et en attendant qu'un autre espace m'appelle de ses vœux, je continuerai à être la seule mère au bistrot avec son mouflet et ses copines enceintes jusqu'aux dents. Nous serons les seules en leggings pythons passé 16 ans. Les seules mamans sans serre tête à la
frange trop longue. Les seules femmes sans mocassins et tant pis.
Merci les filles de venir jusqu'à moi si souvent.
La résistance existe, il faut le crier à la face du monde ! Hum hum je m'emporte.

Je vais quand même remercier mes voisins car sans l'ostracisme qui règne dans mon quartier, je n'aurais jamais pu sympathiser avec des gens géniaux à qui personne non plus ne parle, les caissiers rigolards du carrefour market et le papa au look de rappeur du parc mercredi dernier (le seul à s'être décalé pour me laisser une place sur un banc, pendant que les serre têtes serraient leur rang pour être bien sûrs que je n atteigne pas leur sphère).
Mais qu est ce que tu fous là mec??! Cours tu vas te faire lyncher!!
Il y en a d'autres bien sûr et je les salue tous chaleureusement.

Pourquoi ce coup de gueule aujourd'hui me direz-vous ? Pourquoi est ce qu'elle vient nous emmerder avec sa vie quotidienne, elle ferait mieux de parler géopolitique ou société cette gourde! Et bien mes amis parce que dans notre petit quotidien il y'a la trame de ce qui se passe chaque jour en politique et rien ne fonctionne sans implications quotidienne, c'est le grand tout qui fait notre époque (c'est bôooooo ça *snif*).
Parce que dimanche dernier en me baladant avec mon homme et ma poussette, j ai atterri au détour d'une rue sur une braderie dans les locaux de ce qui semblait être une école. Des caisses de bouquins à l'horizon, nous entrons, appatés que nous sommes par l'odeur du livre moisi, on ne se refait pas. Une édition rare et hop mon homme à la main qui tremble.
Et là rapidement un truc cloche, en quelques secondes on se sent regardés, remarqués et finalement observés. On ne nous salue pas. On nous suit du regard. D'un regard qui dévisage. Tiens surtout moi.
Mon mari me dit : il y a un problème, l ambiance est tendue. Il tente plusieurs BONJOUR de plus en plus insistant et ça se confirme, nous ne sommes pas les bienvenus.
S'il te plait on s'en va, que je dis bien mal à l'aise.
Bien sûr que j'ai compris pourquoi on nous a ainsi foutu dehors. Là, dans un lieu porte ouverte, à deux rues de chez moi.
Je sais bien, seulement les premières minutes je ne voulais pas comprendre.
Je ne pouvais pas comprendre. Parce que c'est trop gros, parce que c'est trop impossible pour être vrai.
Mais les scanners corporels auxquels j'ai eu droit, ne laisse pas de place au doute. Les regards bloquaient sur mon corps (de rêve me direz-vous ! Ça doit être pour ça ! Bah non même pas. Voyons ça j aurai compris *mouvement de cheveux glamour*) On regardait mes fringues. Et pourtant rien d'exceptionnel à ma tenue dominicale.
Rien, seulement un short.
Ce fameux short dont je ne voulais pas parler plus tôt mais merde parlons short !
J'avais mis un collant opaque noir et un short en jean avec mes vielles bottes de moto et un gros pull. Mon mec en basket. Rien que de très ordinaire. Mais pas là bas, à deux rues de ma maison oū on ma mise dehors, au 21ème siècle, en plein Paris, parce que je suis en short.
On m'a regardé comme une catin, devant mon fils, on ne m'a pas saluée.
C'est rien je sais bien, ce n'est pas si grave vous vous dites. Elle s'en remettra personne ne l a frappé non plus.
Encore heureux.
Mais je ne peux pas non plus en faire un non incident.
Au pays des nouveaux bien pensants soit disant défenseurs de la famille, où l'on prétend chaque jour défendre la féminité et ses spécificités, on ne défend en réalité qu'un modèle unique de femme, archaïque et rétrograde.
Ce n'est pas grand chose d'accord, mais la semaine dernière en plein 15eme on m'a traité de putain parce que j'étais en mini short.
La provocation m'amuse toujours, mais là c'est différent car je ne pensais même pas à provoquer. Je pensais cette situation banale et elle ne l'était pas.
Se faire dévisager comme doivent le subir les nanas dans certains coins quand elles sont en minijupe, j'en avais entendu parler mais j'avais la chance de ne pas l'avoir vécu.
Il est urgent de défendre les femmes et leur féminité, mais toutes leurs féminités. Plurielles.
De la robe de Laura Ingalls à la mini de Beyonce.
Ce n'était donc pas un cliché, une caricature, au pays des bien pensants, des vestes de chasse et des mocassins à glands, on juge son prochain plus souvent qu'à son tour.
Il est bien loin, chez ces gens dont les soucis matérielles n'encombrent pourtant pas les pensées, le temps de l'accueil de l'autre et de la générosité.
A méditer donc....
À vos mini jupes les mères de famille, y'a encore du boulot...

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