Un poil aussi a quelque chose à dire

Bon..j'avais dit que je resterais digne....

Mais c'est dimanche soir, et hier, alors que je poursuivais mon régime bien connu d'un petit milk-shake au choco, voilà que quelques unes des femmes de ma vie se mettent à deviser gaiement de leur épilation maillot....

Ne me demandez pas comment la conversation a bien pu en arriver là alors qu'on était en pleine séance shopping de sacs (aucun lien qui me saute aux yeux donc), je serais bien infoutue de m'en souvenir, mon inconscient se faisant un devoir de censurer tous les débordements lamentables de mon petit esprit retord...

Toujours est-il que chacune a sa petite position sur la question et c'est alors que là je recommence à m'indigner (voyez comme j'aime à me choisir de nobles causes).

Il est temps de redonner ses lettres de noblesse au poil pubien. Petit poil injustement traqué, malmené, exterminé.

L'ère porno ayant lavé le cerveau de toute une génération, j'ai parfois presque l'impression que le poil est forcément sale et ragoûtant.
Dieu soit loué, l'ère du torse body buildé et imberbe chez ces messieurs touche à sa fin, et on voit enfin refleurir de douces toisons moutonnantes à l’encolure des chemises.

Car puisqu'il faut avoir le courage de ses opinions, je le crie donc haut et fort : j'aime le poil et je milite activement pour sa réhabilitation.

Le poil masculin qui fleure bon la testostérone et la décontraction.

Et c'est pour la même raison que je réclame le retour aux merveilles du mystère pubien, à cette petite toison qui masque l'entrée et rend si intrigante et furieusement désirable l'entre cuisseféminine, source de tous les plaisirs...

Je dis donc non à cette mode so 90's de l'épilation intégrale et même à celle du mesquin petit ticket de métro.
Et qu'on ne vienne pas m'emmerder avec la soi-disant hygiène qui exigerait tout ce fatras, personne ne vous demande non plus de tout laisser à veau l'eau, façon forêt vierge et débordement de culotte préhistorique, simplement de tailler de manière à conserver à tout cela une certaine aura de secret et de sensualité....et rien ne vous empêche de vous doucher tous les jours bande de petites souillons....

Car c'est cela qui gêne finalement aujourd'hui. Et c'est le paradoxe de ce siècle où la pornographie est portée en étendard, c'est que le sexe et la sexualité n'ont jamais été traités et ressentis comme aussi sales et tabous.

Tout doit être sexe, vendu avec du sexe, exister par le sexe, mais en réalité, le sexe, le véritable, celui vécu dans l'intimité, fait peur.
Alors on le norme, on l'aseptise, on l'épile.
Comme on nierait son potentiel de crasse et de sueur, qui pourtant fait tout à l'affaire.
Car faire l'amour, c'est moite, chaud, mouillé, suant et donc, n'en déplaise aux hygiénistes de notre siècle, c'est sale, et c'est sans doute de là que vient une grande partie du plaisir....

Et cette arrière goût qui me reste.......que derrière tout ça, il y a aussi le fait que les signes féminins extérieurs de sexualité et donc de féminité doivent être effacés....

L'exigence terrifiante de minceur qu'on impose aux femmes, la maigreur des mannequins dans les magasines, la divinisation des corps de femmes qui laissent plus à songer à des garçonnets qu'aux créatures des fantasmes féliniens.
Ainsi les femmes doivent tondre leurs poils, comme elles doivent faire fondre leurs rondeurs.

De quoi a-t'on peur alors?
La prise de pouvoir des femmes dans la société s'est accompagnée de l'incitation à la disparition massive de leurs signes extérieurs de féminité et de maternité.

Nier la différence sexuelle apparente entre hommes et femmes, comme si trop de seins ou de fesses, signaux de sexualité devenus tabous et à bannir, devaient tout autant disparaître que les poils de nos entrejambes, héritage de notre puberté.

Devenues sans sexualité apparente pour se fondre dans le décor.

Chère puberté qui nous a fait devenir femmes et mères potentielles. Éradiquer le poil pubien c'est donc retrouver son corps de petite fille et camoufler un peu plus qu'il existe bien une sexualité.

Nous sommes victimes de tout cela, tout autant qu'actrices c'est évident.
Mais à l'heure où la bien-pensance martèle que le "genre" doit disparaître pour éviter d'avoir à s'atteler au véritable chantier d'une nécessaire égalité entre hommes et femmes malgré toutes les différences entre les sexes, aussi biologiquement évidentes, que riches et réjouissantes, il demeure que beaucoup de conditionnements sont encore à remettre en question et beaucoup de questions restent à se poser....à défaut de détenir des réponses....

En attendant.......un petit élan d'amour pour ses poils pubiens, c'est déjà un questionnement, une résistance en soi....

Le poil métaphore du siècle.
Qui aurez cru que tant de choses pouvaient se cacher derrière un si petit poil ? ...



Commentaires

  1. et tu as aussi un élan d'amour pour les gambettes velues???
    Caro
    moi je garde mon rdv épilation de demain...

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  2. Ah! ah! petite coquine je m'attendais à cette remarque ! non je me focalise juste sur le point culminent du problème !! les autres poils m'emballent beaucoup moins!! ;-)
    J'ai rien contre qu'on les laisse, ça me choque pas, mais le trip écolo/nature à fond, façon faisons caca dans les bois, c'est pas pour moi!! Non,non, de la demi-mesure, épilons jambonneaux et aisselles ! ça me parait propice à plus de douceur..... je réclame juste du mystère là où c'est hautement symbolique et précieux, là où se cache le trésor....je veux réconcilier poils pubiens et glamour ! Retrouver l'érotisme des corps d'adultes quoi.....Pour le reste je suis une victime de la mode ! Malheureuses que nous sommes, je ne veux pas la chute des actions boursières d'épilady!
    Mais tout ça n'est que prétexte à causer des injonctions subies par les nanas à propos de leurs petits corps....tu sais moi quand j'peux causer....
    hihi

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